*Qui est-elle ? Que me veut-elle ?*
Perchée du haut de son arbre, aux branches si épaisses que de l'escalader devenait un jeu d'enfant, Alexandra regardait le lagon bleu Azur qui s'offrait à elle... Poissons de toutes les couleurs, algues de toutes sorte rendaient se lac encore plus beau, il était coloré, comme magique. Alexandra était une noble anglaise, fille du directeur de la plus grande prison de la Grande-Bretagne et surtout fille d'un tyran. John Preston était un homme fourbe, cruel et hypocrite. Il ne s'intéressait à personne. Toujours en voyage d'affaire, il laissait sa femme et sa fille seules, dans son grand Domaine tout près de Londres. Il était partit depuis six mois et pourtant, il ne manquait pas à sa fille. Elle s'était habituée à le voir partir pendant une durée indéterminée, il lui arrivait de partir pendant plus d'une année et de revenir comme ça, sans un mot d'excuses. Certes il revenait toujours avec des cadeaux plein les bras mais Alexandra n'accordait pas d'importances aux choses matérielles. Elle préférait croquer la vie à pleine dents et ne pas se poser de questions. Quant à sa mère, elle non plus n'était pas très attachée à son mari, pour elle, il était juste un homme comme les autres bien que beaucoup plus cruel. Née d'un mariage arrangé, Alexandra pensait que l'amour n'était qu'une douce illusion, que l'amour, le vrai, ne pouvait pas exister. Sa mère pensait exactement la même chose...
Alexandra regardait l'horizon, le soleil se baignait dans ce lagon bleu paisible et le faisait briller de mille éclats. Mais ce bonheur ne dura qu'un instant, une voix rauque la sortit de ses pensées :
-Miss Alexandra, where are you ? Miss Preston !Kristen, la plus vielle et moche domestique de tout White-Stone mais surtout la plus sévère. Le père d'Alexandra avait exigé la meilleure préceptrice de toute l'Angleterre pour sa fille. La meilleure mais aussi la plus dure et la plus sévère. John Preston voulait que sa fille soit élevée à l'ancienne, toujours dans son coin, discrète, mais surtout aussi cruelle que lui l'était. Alexandra le savait très bien, voilà pourquoi elle ne faisait aucun effort pour progresser. Son père ne lui disait jamais rien. Kristen, appelait Alexandra parce que son père rentrait aujourd'hui et qu'il n'allait pas tarder. Alexandra allait devoir enlever son pantalon d'équitation pour enfiler sa robe bleue nuit brodée avec du fil d'or, sa plus belle robe que son père lui avait ramené d'Irlande. Alexandra qui entendait Kristen d'égosiller, descendit de son arbre à contre cœur et la rejoignit.
-Miss, you are very painful . Look in what a state you are!Comme si Alexandra ne le savait pas. Kristen était vraiment une imbécile au yeux d'Alexandra. Elle n'avait toujours pas remarqué qu'elle en faisait exprès de se salir et de se cacher. Elle était sans doute la meilleure préceptrice d'Angleterre mais surtout la plus bête. Alexandra regarda sa robe verte au bustier fleuri. Il y avait plein de tache de terre et de boue sur le bas de sa robe. Elle était vraiment dans un état pitoyable. Kristen pris violemment la main d'Alexandra et la serra fermement en l'entraînant vers la villa blanche. Alexandra essaya de se débattre mais sa préceptrice la tenait si fort qu'elle ne réussit pas. Alexandra ne pouvait s'empêcher d'éprouver une certaine aversion à l'encontre de Kristen, elle la haïssait, toujours à lui faire des remarques désobligeantes, à la critiquer... Elle ne pouvait que la détester, juste par principes. Kristen qui avait tiré Alexandra jusqu'à sa chambre commençait à l'habiller. Le corset fut très vite serré, bien qu'il le soit beaucoup trop, Alexandra n'eut pas de mal à respirer, elle avait l'habitude d'être comme prisonnière de son corset. Maintenant qu'Alexandra était habillée et coiffée, elle descendit les grands escaliers de marbre et rejoignit sa mère dans le salon.
-Vous êtes très belle ma chère. Dis sa mère avec beaucoup de grâce et d'élégance d'une voix voluptueuse. Bien que la mère d'Alexandra soit une vraie anglaise, elle parlait français admirablement. Alexandra ne pouvait qu'admirer sa mère pour son français, pour sa beauté, pour son élégance, pour ses paroles si subtiles... Tout le contraire de ce qu'elle éprouvait pour son père. Certes il parlait très bien français lui aussi pour avoir traversé la manche plusieurs fois mais il était hypocrite et cruel ce qui suffisait à Alexandra pour ne pas l'aimer comme elle aimait sa mère ou tout simplement l'admirer. Il était peut-être un père idéal, il ne disait jamais rien, d'ailleurs, Alexandra ne comprenait pas pourquoi elle devait s'habiller si bien alors que même si elle se promenait dévêtue devant lui, il ne dirait rien. Peut-être juste "Alexandra, my Lady... ".
-Merci mère. Dit-elle en effectuant une révérence profonde.
Vous de même.
Le martèlement des fers des chevaux couvrirent les dernières paroles d'Alexandra ce qui ne la gêna pas pour autant. Elle ne s'exprimait pas particulièrement bien en français alors... Elle savait que c'était son père qui arrivait, elle se plaça devant un des sofa du salon, debout, droite. Sa mère se leva, lissa sa robe, et se tint tout aussi droite que sa fille, bien que son ventre arrondi par une deuxième grossesse qu'Alexandra prenait mal, la faisait souffrit lorsqu'elle était debout. La calèche aux armoiries Anglaises s'arrêta, on entendit la porte s'ouvrir et des pas léger qui montait les marches, cependant Alexandra et sa mère se regardèrent dans les yeux et tendirent l'oreille, il y avait plusieurs personne avec John Preston. Encore des personnes qu'il avait rencontrés pendant son voyage vers la France et l'Allemagne. La porte du salon s'ouvrit et l'on vit le maître de maison sur le pas de la porte, les bras plein de cadeaux. Alexandra et sa mère firent une révérence et allèrent embrasser John.
-Mes très chères... Dit-il de son ténor sévère. Il posa les paquets sur la table basse de verre et enlaça sa femme et sa fille tendrement. Il laissa l'empreinte d'un baiser sur le front de sa femme et derrière l'oreille de sa fille. Un baiser doux mais froid. Sans aucune petite trace de tendresse. Il mit sa main sur le ventre de sa femme. Celle-ci eut un léger recul, comme si elle avait peur de la réaction de son mari. Elle n'avait pas annoncé à son mari sa grossesse. Elle avait peur qu'il le prenne mal, qu'il lui dise de partir du château, comme il était capable de le faire. Cependant ce ne fut pas sa réaction. Il sourit. Protecteur... Comme si Alexandra avait été une défaite pour lui, comme si il n'avait pas réussi à faire d'Alexandra une jeune femme aussi inhumaine que lui était inhumain... Comme si il espérait pouvoir faire de cet enfant son héritier pur, de faire de cet enfant le portrait craché de son père. Alexandra savait que son père s'était résigné à faire d'elle l'héritière de sa prison, elle n'était pas assez impartiale et que cet enfant que sa femme portait en elle était le plus grand espoir de garder la majestueuse et cruelle prison de la famille Preston. Il se détacha de sa femme et de sa fille pour retourner à l'entrée. Il appela une jeune femme qu'Alexandra avait légèrement aperçu à la fenêtre.
-Maëlle, venez mademoiselle Azenor. Une jeune femme aux yeux verts et aux cheveux blonds comme les blés. Une jeune femme qui devait avoir à peine une vingtaine d'année. Elle était très élégante mais elle était de petite taille. Bien qu'elle soit plus âgée qu'Alexandra, celle-ci la dépassait d'une bonne dizaine de centimètres. Elle était française. Le père d'Alexandra lui prit la main délicatement et l'attira vers le centre du salon. Il fit s'assoir sa femme et sa fille et fit de même pour la jeune femme. La française fit une révérence à la mère d'Alexandre et à la jeune fille et s'assit sur un des fauteuils en satin du salon.
-Je vous présente la comtesse Maëlle De L'Azenor. Fille d'un de mes amis, fontainier du Roi de France. L'intéressée regarda Alexandra droit dans les yeux, elle lui sourit puis détourna son regard pour le poser sur son accompagnateur. Alexandra devina tout de suite que cette comtesse était là pour elle. Sans doutes pour lui apprendre les bonnes manières et les traditions françaises mais pourquoi faire ? Sa mère pouvait très bien faire l'affaire. Alexandra regarda sa mère cherchant une explication plausible mais celle-ci avait l'air de ne pas en savoir plus sur la venue de cette étrangère. De plus, seul les nobles étrangers proche du Roi d'Angleterre avait le droit de franchir la Manche pour l'Angleterre. Alexandra ne pu s'empêcher de poser directement la question à son père. Après tout, il lui devait bien cela. Par ailleurs, il ne lui avait toujours pas donné les cadeaux qu'il avait ramené, ni à elle, ni à sa mère.
-Pourquoi cette jeune femme est-elle ici ? Sa voix trancha le silence qui avait envahit la pièce tel un poignard. Le seul homme de la pièce, le père d'Alexandra, regarda sa fille d'un regard plein de stupéfaction et d'indignation. Comme si il avait honte des manières de sa fille. Alexandra qui n'était pas stupide, et qui voyait bien le malaise de son père. A vrai dire, elle en avait fait exprès, rien que pour observer sa réaction. De toute façon, son père ne lui dirait rien. Il ne disait jamais rien.
-La comtesse est ici pour toi. Elle va essayer de t'appendre les bonne manières française. Je t'ai trouvé un bon partit en France. Un jeune Baron de 20 ans qui n'attends plus que toi. Tu iras donc en France avec Mademoiselle Azenor. Tu pars dans une semaine.Alexandra eut envie de pleurer, ainsi, elle allait devoir partir de son Angleterre maternelle, de White-Stone. Ainsi son père voulait se débarrasser d'elle pour rester avec l'enfant que sa mère attendait. Pour qu'Alexandra ne le gêne pas dans l'éducation qu'il allait donner à cet enfant... Alexandra regarda sa mère, pleine de désespoir. Sa mère ne voulait pas qu'elle parte, elle voulait garder sa fille tout près d'elle. Elle ne voulait pas abandonner sa fille à un Baron, bien qu'il soit jeune. Sa fille était beaucoup trop petite pour qu'elle la laissa partir seule, sans personne...
Alexandra eut beau pleurer pendant la semaine qui précédait son départ, sa mère eut bien fait de faire pareil, cela ne servit à rien. Ce n'était pas le père ni le mari qui parlait mais le directeur de la Prison. Cruel. Un tyran.. Alexandra dut partir et rejoindre la France avec la comtesse. Alexandra avait apprit à la connaître durant la semaine. Elle était douce, charmante et réconfortante. Elle avait essayer tant bien que mal de consoler sa jeune amie, celle-ci restait inconsolable... Les adieux furent très difficiles entre Alexandra et sa mère. Elles pleurèrent durant des heures entières, dans les bras l'une de l'autre. Se fut son père qui la prit dans ses bras pour l'arracher à sa mère et l'obliger à rentrer dans la calèche. Alexandra cria, sa mère aussi. Elle insultèrent toutes deux John Preston de tous les noms mais cela ne fit ni chaud ni froid à cet homme infâme au cœur de pierre... Alexandra et Maëlle rejoignirent toute deux la France et se rendirent à Versailles où Maëlle avait un petit appartement... Maëlle commença d'abord à faire visiter à sa jeune amie Paris et Versailles puis elle commença les cours, bien que cela fut très difficile les premières fois à Alexandre, elle fit des efforts, elle savait que plus vite elle était mariée, plus vite elle pourrait retourner en Angleterre voir sa mère...